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15/10/2013

Hildegarde de Bingen contre l'idéologie marchande ?

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En 1153, l'abbesse extraordinaire nous mettait d'avance en garde contre notre culte des "pulsions" : 


<< Homme, regarde ce que tu étais pendant que tu étais en conglomérat dans le ventre de ta mère ! Tu ne pouvais alors ni savoir, ni faire quelque chose pour la formation de ta vie. Mais, alors, tu as reçu l'esprit, la mobilité, la sensibilité, de façon à te mouvoir dans ta vie, et, en te mouvant, à comprendre le fruit de l'utilité. Tu as, en effet, la science du bien et du mal, et la capacité d'agir. Dès lors, tu ne peux pas prétendre que tu n'as pas, grâce à tout cela, tous les biens en toi, afin d'aimer Dieu, sous le coup de l'inspiration d'en-haut, en vérité et justice, et de résister à toi-même, à ta concupiscence et à ton goût de l'injustice. En prenant ma croix sur tes épaules, c'est-à-dire en fuyant les désirs illicites quand tu as envie de pécher. Et pourquoi as-tu pareil pouvoir ? Evidemment pour éviter le mal et faire le bien ! >>

(Hildegarde de Bingen, Scivias, Cerf 1996).

 

<< Si nous sommes impuissants à dominer nos passions comme le Seigneur nous y invite, n'est-ce pas parce que nous ignorons jusqu'à l'existence des vertus cardinales infuses, que nous avons pourtant reçues à cet effet au baptême ? La vertu de prudence permet de reconnaître les différentes passions ; la tempérance nous donne la maîtrise de nos pulsions ; la justice nous aide à soumettre nos passions aux droits du prochain ; et la force affermit notre volonté dans la recherche du bien et la résistance au mal. >>

(Parole & prière, octobre 2013. Abonnements : Artège Presse, 11 rue du Bastion Saint-François, 66000 Perpignan).

 

> On voit pourquoi l'Eglise catholique est étrangère depuis toujours à l'idéologie libérale. Dès les philosophes-économistes "classiques" du XVIIIe siècle (fable des abeilles de Mandeville, pionnier du laissez-faire qui est la base même du libéralisme), cette idéologie relativiste repose sur le culte des pulsions : les vices privés sont censés faire la prospérité publique, donc rien ne doit s'opposer à leur déploiement rentable. Directive portée au paroxysme à la fin du XXe siècle avec l'empire mondial du consumérisme, qui ouvre sans cesse de nouveaux marchés de "pulsions" parce que l'idole "croissance" l'exige... Face à cela se dresse le monde spirituel et social du catholicisme, qui récuse l'idole et affirme une tout autre vision de l'existence. Vision déjà attestée au XIIe siècle par Hildegarde, sur le plan de la conduite personnelle (texte ci-dessus) et sur le plan de la responsabilité humaine : "Si nous abîmons ce monde, nous serons détruits par les démons et privés de la protection des anges", disait-elle. Et aussi : quand l'humanité ne protège pas le reste de la création, "la justice de Dieu permet que le reste de la création punisse l'humanité."

  

 

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